lundi 7 mai 2012

Barbara

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de BARBARA, un film indépendant allemand réalisé par Christian Petzold, qui se situe au début des années 1980, pendant la Guerre Froide.


Titre : Barbara
Réalisation : Christian Petzold
Acteurs : Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Rainer Bock, Christina Hecke, Jasna Fritzi Bauer, Claudia Geisler...
Année de sortie : 2012
Genre : Drame

Synopsis : Berlin-Est, 1980. Soupçonnée de vouloir passer en RFA, Barbara, chirurgienne en pédiatrie, est mutée par les autorités dans un hôpital de province. Son amant, qui vit à l'Ouest, prépare son évasion, tandis que le médecin-chef de Barbara semble l'espionner...

Infos utiles : BARBARA a été tourné de manière chronologique, mise à part la scène de baiser, considérée comme "hors du temps". Afin de renforcer la crédibilité du film, le tournage a eu lieu dans un véritable hôpital des années 1980 et les acteurs ont suivis une formation dans le domaine médical. BARBARA a reçu l'Ours d'Argent du Meilleur réalisateur lors de la Berlinale 2012.

Ma critique : BARBARA fait partie de ces films dépaysants, qui transportent le spectateur dans un autre monde, ici notamment au coeur du monde bipolaire qu'est l'Allemagne pendant la Guerre Froide. On se retrouve en pleine Allemagne de l'Est, dans une petite ville de province. Le film commence par une présentation indirecte du personnage principal, de façon complètement muette. On ressent déjà la colère de la médecin qui semble démarrer une nouvelle vie, dans une nouvelle ville, dans un territoire qu'elle méprise, après un passé douloureux. On entendra ses premières paroles plusieurs scènes après. Le film de Christian Petzold (Jerichow, Yella) est un film presque muet, qui se construit uniquement dans la mise en scène brute du réalisateur allemand et par le jeu et les expressions physiques des acteurs, le scénario étant très peu raconté mais bien explicite. Celui-ci est malgré tout compréhensible, à l'aide d'une trame simple. BARBARA a aussi comme atout de ne réunir que des acteurs méconnus, mise à part l'actrice principale, Nina Hoss (Nous sommes la nuit, Yella), connue en Allemagne et actrice fidèle de Petzold, qui parvient parfaitement a émouvoir le spectateur sans sombrer dans les clichés, à travers un personnage quasi muet tout au long du film, qui ne cesse de rappeler sa révolte intérieure, et son physique singulier et beau. On découvre alors de nouveaux visages qui accentuent l'aspect dépaysant du long-métrage, comme Ronald Zehrfeld (Le Perroquet rouge, Red Gallion : la légende du Corsaire Rouge) qui campe un personnage plein d'humanité, impénétrable, perturbé par l'amour et la trahison. La force du film réside dans une image sublime, qui parvient à faire alterner l'ambiance du film dans un univers aussi froid que coloré, selon les sentiments du personnage principal. L'hôpital symbolise le vide et l’effroi. Le trajet à vélo dans la campagne ventée et sauvage est la seule source de liberté qui lui permet d'échapper à son quotidien et de retrouver son amant, notamment dans une magnifique scène dans les bois, aux couleurs vives. La mise en scène maîtrisée de Petzold donne tout son sens à la simplicité, à travers des plans fixes qui se succèdent, avec très peu d'effets de styles. Malgré la quasi absence de dialogues, BARBARA recèle un véritable suspens, à travers la question omniprésente de la situation allemande, de la difficulté de vivre dans l'état de l'Est et de l'espionnage. La reconstitution, certes quelque peu proprette et colorée, ne gêne cependant pas le visionnage du film et semble marquer le film dans l'époque. Christian Petzold, d'une main de maître, réalise un film aussi fort dans la technique que dans le jeu d'acteurs, ainsi que dans le scénario fluide. On retiendra aussi une scène enivrante où André, afin de conquérir Barbara, analyse le tableau "La leçon d'anatomie" de Rembrandt, apportant des remarques médicales stupéfiantes et d'un niveau de langue adopté par les acteurs de façon crédible.

Barbara Wolf (Nina Hoss) et André (Ronald Zhrfeld)

Voici l'affiche de BARBARA, magnifique : 


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