samedi 12 janvier 2013

Maniac

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de MANIAC de Franck Khalfoun, un remake du film éponyme de William Lustig (Maniac cop, Uncle Sam), réalisé en 1980.

Voici la bande-annonce originale du film. Pour voir la bande-annonce version non censurée, CLIQUEZ ICI.


Titre : Maniac
Réalisation : Franck Khalfoun
Acteurs : Elijah Wood, Nora Arnezeder, America Olivo, Liane Balaban...
Année de sortie : 2013
Genre : Horreur

Synopsis : Frank, timide propriétaire d'une boutique de mannequins le jour et serial killer la nuit, voit sa vie prendre un tournant décisif lorsqu'une jeune artiste vient lui demander de l'aide pour sa nouvelle exposition.

Infos utiles : Le budget de MANIAC est estimé à 6 000 000 de dollars. L'histoire se déroule à Los Angeles, tandis que dans le film original elle se déroulait à New York.

Ma critique : Je tiens tout d'abord à préciser que je n'ai pas vu le film original de William Lustig, donc aucune comparaison subjective entre les deux films ne sera faite.

Après les remakes Mirrors et La colline à des yeux, ainsi que celui plus libre Piranhas 3D, Alexandre Aja se lance dans un nouveaux projet de remake avec son fidèle collaborateur Gregory Levasseur, mais cette fois-ci du côté de la production et du scénario, pour laisser la place de réalisateur à Franck Khalfoun, qui nous avait déjà séduit avec 2ème sous-sol (2007). MANIAC fait donc partie de cette mode actuelle de remakes, mais prend de nombreuses libertés, surtout celle de tourner le film en vue subjective, afin de plonger le spectateur dans la peau du personnage. A l'heure où le found fountage fait rage, on est partant pour de nouveaux procédés filmiques. E cette technique est très efficace. La vue subjective est filmée avec maestro par Khalfoun, imitant bien la vision d'une personne mais sans toute fois la rendre insupportable. Celle-ci est dénuée de vibrations, de mouvements dans tous les sens.

L'image reste posée, et s'avère magnifique, avec un aplat de couleurs vives fondues dans un décor sombre. Le film commence avec une scène d'ouverture glaçante, qui permet au spectateur de s’immiscer directement dans le récit, jusqu'à une scène de meurtre incroyable, avant l’annonciation brutale du titre qui en met plein la vue. C'est ce qu'est MANIAC, un film qui éclabousse au visage grâce à des scènes gore très réalistes, filmées presque en plan séquence et en plan d'ensemble, ce qui contraint le spectateur à une sorte de voyeurisme dont il ne peut échapper. L'horreur et l'ambiance poisseuse n'empêchent pas une maîtrise totale de l'image, très propre, autant que les très belles scènes de meurtres. Et ça fait du bien un beau film d'horreur, au milieu de toutes ces productions brouillons.

Le film de Khalfoun n'est pas véritablement tourné uniquement en vue subjective, on découvre dans le film des plans à la troisième personne. Mais cela est tout à fait justifié par le metteur en scène, qui après de longues enquêtes sur les tueurs en série, à découvert que certains serial killer ressentaient leur âme quitter leur corps lors de moments intenses. Par ce fait la caméra quitte parfois la tête du personnage pour nous montrer toute l'étendue de la scène et y porter un autre regard, ce qui permet également des pauses dans le rythme du film. On assiste également à un super jeux filmique avec les miroirs durant tout le film. Franck Khalfoun nous plonge dans une intimité unique que l'on ne retrouve pas dans les slashers classiques, comme lorsque Frank entre dans l'appartement d'une de ses futures victimes, et que celle-ci, insouciante, parle à la caméra, tandis que le spectateur tout comme le tueur sait qu'elle va mourir. On assiste aussi pendant cette scène à des constatations souvent absentes des slashers classiques, comme lorsque Frank - et la caméra - regarde des photos de la fille et que le spectateur peut véritablement se dire que cette personne a une vie, et va mourir, ce qui est absolument terrifiant. Au lieu de simplement voir les meurtres exécutés par un individu, on parvient à ressentir ce qu'il ressent.

C'est alors à partir de l'intérêt de Frank pour une jeune femme que l'on va découvrir un personnage touchant, et extrêmement seul. Sa solitude en est presque contagieuse. Une autre force du film est qu'à l'inverse du slasher classique, Frank a beau être seul il fait tout de même partie du monde, de sa ville. Mais il joue un autre rôle que les autres. Il épie la ville depuis sa voiture et n'est pas invisible aux regards des autres, qui d'ailleurs fuient en dévisageant la caméra, ce qui donne une certaine complicité au spectateur. Le fait de voir ce que voit une personne victime de troubles mentaux au lieu de la voir elle-même rend les actions du tueur beaucoup plus psychologiques, au lieu d'une simple succession d'actions pour lesquelles le spectateur n'a plus qu'à se dire "mais il est fou ce type". Dans MANIAC, on comprends et on participe à ses actions, ce qui est d'autant plus terrifiant et captivant.

Khalfoun nous offre de superbes scènes de meurtre - pour la plupart reprises du film de Lustig - comme celle du jeu du chat et de la souris dans le métro ou encore toutes les scènes psychédéliques chez Frank. On retrouve à ce propos dans le rôle de Frank le jeune Elijah Wood (Crimes à Oxford, Sin City), connu dans le rôle de Frodon dans Le Seigneur des anneaux (de Peter Jackson). Il se détache ici des blockbusters pour interpréter un rôle inattendu et touchant. Il offre une prestation remarquable et enivrante, avec son visage enfantin et sa voix douce, qui semblent lui avoir été marquées à vie après le refoulement vécu lors de son enfance. On a effectivement à faire à une variation du complexe d'Oedipe qui le pousse à tuer. Son personnage semble figé dans le temps, comme les mannequins avec lesquels il vit, dans un décor somptueux et un choix de costumes particulièrement soigné, comme pour ceux du reste du film. Frank assassine les femmes qui pressentent le désir et celle qui pourront lui rappeler sa mère, lorsqu'il a prévu d'exécuter un crime. Mais c'est lorsqu'il rencontre une femme par hasard et hors de tout cela qu'il va non pas changer, mais considérer cette personne autrement. MANIAC ne sombre pourtant pas et heureusement pas dans un slasher sentimental, notamment grâce à la prestation de la belle actrice française Nora Arnezeder (The words, Sécurité rapprochée), énigmatique et qui transmet tous ses sentiments rien que par son regard. On retrouve aussi la sculpturale America Olivo (Vendredi 13, Bitch slap) et la belle Liane Balaban (One week, Last chance for you) dans le rôle de victimes. L'ambiance onirique et étouffante du long-métrage ne serait rien sans la fabuleuse musique aux sons électroniques froids et parfois enfantins signés Rob, un musicien français.

Le film de Khalfoun est un retour à l'horreur pure, brutale et belle, avec des scènes gore comme on en fait plus, et avec un très gros travail de maquillage signé par le plus grand, Greg Nicotero, fidèle maquilleur d'Alexandre Aja. Des effets si bien faits et si gore que le film est interdit aux moins de 16 ans. Et ça fait bien longtemps qu'on en voit plus, hormis les DTV. MANIAC s'achève par une succession d'actions dantesques, jusqu'à un final incroyable et une superbe prestation de maquillages. On démarre l'année 2013 avec un coup de tonnerre unique signé Frank Khalfoun, qui on l'espère refera ses preuves. MANIAC est un film magnifique, touchant, fascinant et envoûtant.

Retrouvez le making-of et la musique de MANIAC ainsi que pleins d'autres surprises sur la page Facebook de LHmovies en CLIQUANT ICI (pas besoin d'être inscrit pour consulter la page !)


Elijah Wood
Nora Arnezeder

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