dimanche 4 mai 2014

Rambo

Retour sur un classique du film d'action, RAMBO de Ted Kotcheff, un film qui a souvent été tourné  en ridicule, comme dans l'hilarante comédie Hot Shots! 2 (de Jim Abrahams), mais qui se révèle être un film pourtant pas si inintéressant...


Titre : Rambo
Titre original : First blood
Réalisation : Ted Kotcheff
Scénario : David Kozoll, William Sackheim et Sylvester Stallone d'après l'oeuvre de David Morrell
Acteurs : Sylvester Stallone, Richard Crenna, Brian Dennehy, Bill McKinney, Jack Starrett, Michael Talbott...
Sortie en salles : 2 mars 1983
Genre : Action

Synopsis : John Rambo, ancien combattant du Vietnam erre à la recherche de ses anciens compagnons d'armes. Il est arrêté pour vagabondage. Emprisonné et maltraité, Rambo s'enfuit dans les bois. Traqué comme une bête, tous les moyens sont déployés pour le retrouver, mais c'est finalement Trautman, son ancien colonel, qui le convainc de se rendre.

Ma critique : En 1983, lors de la sortie de RAMBO au cinéma, Sylvester Stallone, qui a eu un début de carrière difficile à cause de L'Etalon italien (1970) de Morton Lewis, un film érotique dont il avait du mal à se défaire, est déjà une star internationale grâce à son rôle de boxeur dans Rocky (1976) de John G. Avildsen, puis dans les cinq suites dont quatre qu'il réalisera. Avec le film de Ted Kotcheff, il interprète de nouveau un héros, qui devra agir seul face à de nombreuses difficultés sociales et politiques. Dans Rocky, Sylvester Stallone (Expendables, Evasion) était un étranger qui devenait une figure patriotique de l'Amérique. Dans RAMBO, il est un américain qui va devenir étranger, et l'ennemi public numéro d'un petit comté des Etats-Unis. 

Au lendemain de la guerre du Vietnam, ·qui dura de 1955 à 1975, les Américains refusent de voir l'horreur vécue par les soldats. La mémoire de la guerre va être remise en cause, avec notamment des films comme RAMBO, qui vont permettre à la population américaine d'exorciser leurs peurs de la guerre et d'avoir une approche divertissante du sujet à travers le film d'action. John Rambo est un jeune soldat qui revient tout juste de la guerre. Il espère retrouver ses amis qui ne sont pas morts au front. Mais il va vite découvrir que s'ils ne sont pas mort au front, ils sont morts des conséquences de cette guerre. Effectivement, le film évoque également les maladies contractées pendant la guerre à cause de produits d'origine quelque peu obscure utilisés sur les soldats. C'est ce qui sera le sujet du film L'Echelle de Jacob (1990) d'Adrian Lyne, une autre approche de l'après-guerre très intéressante. Rambo se retrouve donc seul, et erre dans la ville. Comme un rat que l'on chasserait sans arrêt, on l'arrête pour vagabondage. Même errer - aussi bien mentalement que physiquement - devient interdit.

Sylvester Stallone

RAMBO montre parfaitement la capacité de déshumanisation de la guerre. Devenu plus qu'une bête, Rambo va devoir réagir comme tel, et devenir agressif. Il fait face à la violence en l'adoptant. Il ne pourra lutter contre ses bourreaux qu'en devenant lui même un bourreau plus terrible encore, comme au front. Il s'enfuit dans la forêt, et c'est là que tout le brio du film prend forme. La suite ne sera qu'un survival, un film d'action très divertissant, multipliant cascades et explosions. Mais c'est surtout un soldat américain qui se retrouve être l'ennemi de sa propre patrie. Il se terre dans un milieu forestier qu'il connaît comme sa poche, ce qui fait de lui une bête, mais encore plus une sorte de Vietcong, en témoigne la scène où, après quelques longues secondes, il sort d'un tas de mousse au sol pour bondir sur son ennemi. Depuis le début du plan, il est présent, mais le spectateur ne le voit pas. 

Après la phase de proie, il passe à celle de destructeur lorsqu'il débarque en ville. C'est à travers sa mitrailleuse qu'il évacue le poids de ses souffrances. Il joue son rôle, un rôle que même son colonel lui reconnaît, celui d'une simple machine à tuer, bonne à jeter quand elle n'est plus sur le terrain. Le climax de toutes ces atrocités advient lorsque Rambo fond en larmes, épuisé, dans une scène émouvante, un genre de scène qu'on ne verrait plus de nos jours. Imagineriez-vous Jason Statham ou Dwayne Johnson pleurer sur leur triste sort ? Non. Stallone, lui, qui n'a jamais été très avantagé dans le dialogue, parvient à émouvoir par ses expressions.

RAMBO est un film très évocateur du trauma de la guerre, ce que ne seront pas les deux suites, ce qui ne dévalorise pas pour autant la saga car elle offre aussi de grandes scènes d'actions, comme la poursuite à moto dans la neige, une séquence silencieuse, dénuée de musique. Comme avec le premier Rocky, Sylvester Stallone aura su, avec le premier RAMBO, interpréter un personnage loin d'être ridicule, et encore moins caricatural, mais plutôt allégorique d'une Amérique qui va tantôt bien tantôt mal. Mention spéciale au super couteau de Rambo, qui ne servira jamais comme couteau mais plutôt à des fins toutes plus saugrenues les unes que les autres, renfermant du fil à couture et une boussole dans son manche !

Sylvester Stallone

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