samedi 6 septembre 2014

The Voices

Le jeudi 4 septembre 2014, à l'occasion de la vingtième édition de l'Etrange Festival au Forum des Images à Paris, a été projeté en exclusivité THE VOICES, le quatrième film tourné en Allemagne de l'auteure et réalisatrice Marjane Satrapi (Persepolis, Poulet aux prunes).
Le film sortira le 03 octobre 2014 en Suède et le 19 janvier aux Etats-Unis. THE VOICES devrait sortir dans nos salles le 11 mars 2015.

Retrouvez toute la programmation de l'Etrange Festival en cliquant ICI.


Titre : The Voices
Titre original : The Voices
Réalisation : Marjane Satrapi
Scénario : Michael R. Perry
Acteurs : Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick, Jacki Weaver, Michael Ruscheinsky...
Sortie en salles : 11 mars 2015
Genre : Comédie horrifique

Synopsis : Jerry est amoureux de la comptable de son travail. Il va se confier à ses animaux de compagnie qui ont la faculté de parler : un chat qui le pousse à commettre des meurtres en série et un chien affable.

Ma critique : Avec THE VOICES, Marjane Satrapi ressuscite la comédie horrifique des années 80. En dressant le portrait d'un sociopathe aveuglé par ses fantasmes et en faisant parler des têtes humaines, Satrapi renoue avec un cinéma transgressif qui sait mêler le gore et le rire. Mais, transgressif, le film ne l'est pas assez. Avec un univers onirique assumé et archi esthétique, qui renvoit au goût et à l'art de la bande-dessinée de la réalisatrice, Satrapi fait de ce tout sublimé par la couleur un artéfact finalement convenu et parfois même caricatural, de par ses lacunes scénaristiques. La plupart des scènes sont "téléphonées". Un inconditionnel de l'horreur risque de vite trouver le film laborieux. Toutefois, on admire la fougue esthétique de Satrapi, à commencer par les vestes et les chemises orangées portées par le héros. Elle manie habilement les couleurs et les angles de vue géométriques.

Ryan Reynolds donne à manger à Gemma Arterton,
du moins ce qu'il en reste
Là où la comédie flirte parfaitement avec l'horreur, c'est lorsque THE VOICES dévoile sa part sombre, une facette qui se révèle aussi sombre que celle du personnage. En effet, outre ce monde coloré se cache un tueur en série digne d'un pur film d'épouvante - comme celui du Maniac de William Lustig - qui tue ses victimes, coupe leur tête et cache le reste du corps... dans des tupperwares ! L'humour du film devient alors peu à peu inhérent à la personnalité du psychopathe. Hors de la folie du personnage, le monde qui l'entoure se révèle triste et cette fois-ci entièrement dénué d'humour, un monde réaliste. Un parti pris plus que bienvenu de la part de Marjane Satrapi, d'autant plus qu'il se manifeste progressivement tout au long du film.

Autre point fort du long-métrage : les compagnons de Jerry, un chat et un chien, qui ont tous deux la faculté de parler, du moins dans la tête du protagoniste. Ils ne sont que les portes-parole de leur maître, lui permettant de se déculpabiliser de ses meurtres. Le chat, intelligent et cynique, a sa part belle, et le chien, bête et gentil, passe pour un moins que rien. Bien sûr, avant même le visionnage du film, on appréhende la mise en parole des bêtes. On note trois techniques récurrentes dans les films pour faire parler les animaux : le chat marrionette, comme celui de Sabrina l'apprentie sorcière, le chien doté d'une bouche en 3D, comme dans Comme chiens et chats, et la souris entièrement animée comme dans Stuart Little. Aucune de ces trois techniques n'est vraiment satisfaisante, surtout dans le cinéma adulte. Satrapi, elle, a choisi d'animer seulement la bouche de ses animaux. Même si l'effet se révèle plutôt réaliste, on peine à y croire, tant cette intrusion numérique ne fait pas bon ménage avec la prise de vue réelle. Dommage. Notons que la première scène de discussion entre Jerry et son chat ne révèle pas la présence du félin, donnant quant à elle une scène très réussie.

THE VOICES se paie toute une brochette d'acteurs, tous très bons, à commencer par Ryan Renolds, qui fait preuve de polyvalence entre grosses productions (Green Lantern, Sécurité rapprochée) et productions moindres, ses meilleures, comme l'excellent Buried. On retrouve à ses côtés la sculpturale anglaise Gemma Arterton (Tamara Drewe, Gemma Bovery), très drôle, et qui conserve son accent mélodieux, ainsi que Jacki Weaver (Animal Kingdom, Happiness Therapy) dans le rôle de la psychiatre.

THE VOICES s'achève joyeusement, avec la chason Sing a happy song de The O'Jays, et illustre parfaitement la folie du personnage au point de vous rester dans la tête plusieurs jours après. Une belle conclusion pour un film inégal mais emprunt d'un amour de Marjane Satrapi pour le cinéma.



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