lundi 27 mai 2013

Only god forgives

Bonjour ! Je vais vous parler aujourd'hui de ONLY GOD FORGIVES, le nouveau film de Nicolas Winding Refn (trilogie Pusher, Bronson) avec Ryan Gosling (The place beyond the pines, Blue Valentine) - qui commence à prendre une certaine place sur le blog ! - qu'il avait révélé avec Drive (2011).


Titre : Only god forgives
Réalisation : Nicolas Winding Refn
Acteurs : Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm, Yayaying Rhatha Phongam, Gordon Brown, Tom Burke...
Année de sortie : 2013
Genre : Thriller

Synopsis : A Bangkok, Julian, qui a fui la justice américaine, dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue. Sa mère, chef d'une vaste organisation criminelle, débarque des Etats-Unis afin de rapatrier le corps de son fils préféré, Billy : le frère de Julian vient en effet de se faire tuer pour avoir sauvagement massacré une jeune prostituée. Ivre de rage et de vengeance, elle exige de Julian la tête des meurtriers. Julian devra alors affronter Chang, un étrange policier à la retraite, adulé par les autres flics...

Infos utiles : ONLY GOD FORGIVES était présenté en compétition lors du Festival de Cannes 2013. Le rôle de Julian était d'abord dévolu à Luke Evans (Tamara Drewe, Les immortels). Ryan Gosling s'est entraîné pendant plusieurs mois aux arts martiaux en Thaïlande pour son rôle.

Ma critique : Le danois Nicolas Winding Refn avait déjà écrit le scénario de ONLY GOD FORGIVES bien avant Drive, grâce auquel il avait créé l'icône qu'est aujourd'hui Ryan Gosling. C'est ainsi qu'il le reprend pour un scénario qui selon ses dires le hantait, et pour un film très attendu. Avec une filmographie hétérogène mais dans laquelle on retrouve toujours une ultra-violence qui renvoie à celle créée par Stanley Kubrick mais jamais égalée, Nicolas Winding Refn réalise avec ONLY GOD FORGIVES une oeuvre inattendue, dans la mesure où le film n'est en aucun cas une suite de Drive comme pouvaient le laisser croire l'affiche et les retrouvailles avec Gosling. Il en est au contraire à l'antipode.

Winding Refn défigure - au sens propre comme au sens figuré - la star qu'est devenue Ryan Gosling ainsi que tout le glamour de son film précédent - ce qui explique les nombreuses personnes qui sortent de la salle, en plus de la violence et du rythme lent. Ryan Gosling n'est plus le preux chevalier maître de sa voiture, mais un personnage minable maître de rien. ONLY GOD FORGIVES joue sur la symbolique, chaque plan implique un thème, que ce soit l'impuissance sexuelle, le complexe d'Oedipe, l'estime de soi, la violence ou la rédemption, là où Drive était purement démonstratif.

C'est avec l'évocation de ces images à travers une étude minutieuse des plans que Winding Refn gère le mieux son film, qui au-delà de ces thèmes dispose d'un scénario qui sonne creux, écrit par ses soins. Le réalisateur semble ne rien avoir à dire et semble réaliser un fantasme ou un caprice personnel qui relève finalement d'un effet de style prétentieux. ONLY GOD FORGIVES est beaucoup trop contemplatif et stylisé, comme si Nicolas Winding Refn était dépassé par son engouement. On apprécie tout de même un graphisme remarquable, entre le giallo et une apesanteur kubrickienne, avec des scènes qui renvoient sans conteste à Shining - visions paralysées sur une musique crispante en crescendo - ou à Orange mécanique - ultra-violence et géométrie des plans. L'une des autres forces du film est la vision de la ville de Bangkok, le réalisateur explorant une ambiance digne des thrillers asiatiques, allant plus loin qu'un simple hommage, il en fait son univers propre.

ONLY GOD FORGIVES est une quête de vengeance qui mène au déclenchement infernal d'une série de meurtres dont le seul à pouvoir l'exécuter est un policier intouchable, qui lui seul peut pardonner et administrer la punition adéquate, tel un Dieu - d'où le titre - ou encore telle la Mort, inévitable. Ce bourreau est interprété par Vithaya Pansringarm (Very bad trip 2), parfait, autant dans les scènes de châtiments que dans ses interprétations musicales au karaoké, qui servent de transitions entre les différents actes du film. On retrouve également Kristin Scott Thomas (Dans la maison, Crime d'amour) dans le rôle un peu simpliste d'une bimbo décolorée, mais dont la carrure de l'actrice demeure toujours aussi saisissante. Et bien sûr en tête d'affiche Ryan Gosling, encore une fois dans le rôle d'un être sensible et taiseux, rôle dans lequel il excelle le plus. Le personnage fantomatique de Julian n'a rien du beau driver, mais bien celui d'un être rongé par ses défauts, son passé et sa famille. Son personnage aurait mérité plus de caractère si seulement Winding Refn s'en était imprégné davantage. Nicolas Winding Refn fait de nouveau appel à Cliff Martinez pour la musique après leur première collaboration sur Drive, une musique électrique et envoûtante, encore très réussie.

ONLY GOD FORGIVES est malheureusement l'oeuvre d'un réalisateur probablement en mal d'inspiration - rien qu'à en voir le documentaire très intéressant NWR (de Laurent Duroche) - et qui propose un scénario bien trop vide, voire inexistant, mais qui se rattrape largement sur la mise en scène avec des scènes foudroyantes, comme celle du bar ou lorsque Ryan Gosling lâche un "You wanna fight ?" inattendu, et avec une ambiance réussie et un portrait dépréciatif et original du personnage de Julian, pour le bien de Ryan Gosling.

Retrouvez deux extraits du film en HD dont la scène du bar sur la page Facebook de LHmovies, en CLIQUANT ICI (pas besoin d'être inscrit pour consulter la page !)

Ryan Gosling

Kristin Scott Thomas

Vithaya Pansringarm

Ryan Gosling

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